Un homme tente de réussir légalement.
Il monte une boîte. Il déclare ses revenus. Il innove. Il crée des emplois. Il paie ses impôts. Il trime.
Et un jour, on tente d’enlever sa fille, pour réclamer son argent. Enceinte. Avec son enfant de deux ans aux bras et son compagnon la tête éclatée au sol.
Pendant ce temps, chaque week-end, c’est le défilé des voitures de sport et des montres de luxe dans les boîtes de nuit parisiennes. Eux ne sont pas des chefs d’entreprise vertueux. Ils ne craignent pas qu’on vienne leur voler leurs biens, ni leurs enfants. Leur business ? La vente de drogue, le racket, la violence. Ils se déclarent au RSA et vivent comme des nababs au nez et à la barbe de tous.
En France, il ne reste plus qu’un seul type de réussite toléré.
Deux économies, deux immunités
D’un côté : Lamborghini, Vuitton en veux-tu en voilà, montre Patek, clip en bas de la tour, arme de poing à la ceinture, piscines de billets, prostituées, voyages à Dubaï.
Dealers, rappeurs, influenceurs de la « rue ». Tout le monde sait d’où vient l’argent. On leur déroule le tapis rouge à la télé. On les admire. On fait mine de voir en eux un ascenseur social inédit, voire le pied de nez de l’histoire à des siècles de « domination blanche ». Le fisc fait mine de ne pas connaître leur existence.
Aucune pudeur. Aucun contrôle. Pleine ostentation.
De l’autre : entrepreneurs, ingénieurs, artisans du code, patrons de PME.
Discrets, rationnels, dans les règles. Ils ont choisi d’avancer en société. Ils s’arrêtent aux feux rouges. Ils ne font pas de bruit après 22h.
Ils paient la TVA, la CFE, la taxe sur les dividendes. Ils financent même les allocations indues des autres, en donnant à l’Etat 50 à 60% de ce qu’ils gagnent.
Ils cochent toutes les cases.
Et finissent dans les radars du fisc… ou dans ceux d’un gang.
Ils ont l’argent et la violence.
Le cœur du problème est là : la France a basculé dans une économie où la transgression paie deux fois.
Une fois en argent.
Une fois en respect.
Pendant ce temps, la réussite légale est doublement punie :
- par le système (fiscalité, paperasse, contraintes absurdes)
- par la rue (vols, rackets, menaces, rapt d’enfants désormais)
Les voyous ont le monopole du flash.
Les légitimes, eux, doivent s’excuser d’exister.
État impuissant, regard fuyant
L’État ne dit rien.
Il encaisse les taxes des premiers.
Il redoute la violence des seconds.
Personne ne protège ceux qui font tout pour être corrects.
Ils ne font pas assez peur pour mériter des moyens.
Ils ne font pas assez pitié pour mériter une défense symbolique.
Ils sont seuls.
Livrés.
Narco-État moral
Ce n’est pas la drogue qui fait le narco-État. Ce n’est pas la criminalité en elle même. Les mauvais garçons ne font que s’engouffrer dans une brèche.
C’est l’architecture morale, le problème.
Un pays où :
- l’illégal est toléré
- l’ostentatoire est protégé
- l’honnête est écrasé
Ce n’est pas une délinquance, c’est une hiérarchie.
Ceux qui défient le système imposent leurs codes.
Ceux qui respectent le système deviennent ses victimes.
La France ne punit plus ceux qui violent ses règles.
Elle punit ceux qui y croyaient encore.
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