Les États-Unis ne sont plus un pays. Ils sont une guerre en suspens. Une polarisation terminale. L’assassinat d’êtres humains totalement différents et incomparables, à quelques jours d’intervalle (Charlie Kirk, Iryna Zarutska) ne relève pas du hasard, mais d’une logique. La logique d’une fragmentation avancée où le dialogue n’est plus une option mais une trahison.
Camps figés, frontières émotionnelles
La polarisation politique n’est plus une divergence d’opinion, mais une division ontologique. Ce n’est pas que la gauche et la droite ne s’accordent sur rien : c’est qu’elles nient réciproquement la légitimité d’exister. Chaque mort devient un référendum. Chaque tweet une déclaration de guerre.
La droite radicalise ses moyens, la gauche radicalise sa morale. Mais l’asymétrie est évidente : la première réagit, la seconde initie. Derrière les mots de tolérance, le camp démocrate installe un appareil répressif moral, médiatique, judiciaire. Le moindre désaccord est une faute éthique. Le moindre débat, une menace. La violence symbolique a muté en violence physique.
Légitimations inversées
La mort de Kirk, accueillie par des ricanements ou des silences, révèle une complaisance institutionnelle. Pas un appel à la modération. Pas une condamnation sans ambiguïté. Les figures de la gauche intellectuelle, journalistique, universitaire, traitent l’événement comme un accident regrettable, mais compréhensible.
En face, la mort d’Iryna Zarutska, ukrainienne réfugiée, tuée dans une indifférence quasi-fonctionnelle, n’appelle aucune mobilisation. L’agresseur, noir, est protégé par les codes implicites d’une gauche obsédée par la hiérarchie victimaire. Le crime devient un symptôme social plutôt qu’un acte individuel.
Langage neutralisé, pensée anesthésié
Le discours public est verrouillé. La moindre tentative d’analyse est soit psychiatrisée, soit criminalisée. La gauche, majoritaire dans les sphères culturelles, réduit le réel à une grille morale. Déviation = délinquance. L’université fabrique des juges, les médias des procureurs, les plateformes des exécuteurs.
Le résultat : la droite cesse de parler. Elle se bunkerise, elle s’arme. Elle ne cherche plus à convaincre. Elle attend. Elle s’entraîne.
Fin du contrat discursif
Le langage était le dernier lien. Il a été détruit. Les mots n’ont plus de sens commun, plus de référence partagée. Le mot “justice” n’a pas le même contenu selon qu’on lit le New York Times ou qu’on fréquente un forum républicain. À partir de là, aucune réconciliation n’est possible. Le dialogue suppose un minimum de grammaire commune.
Ce n’est plus le cas.
Mouvement unilatéral vers le choc
Le camp de gauche, convaincu de détenir le monopole de l’humanité, poursuit une entreprise de purification symbolique. Ce qui commence par des épurations langagières finit en exclusions physiques. La république des identités est en train de dissoudre la nation.
Plus personne ne se parle. Plus personne ne veut se parler. Tout est polarisé.
Les mots sont morts, la dialectique est achevée.
Il ne reste que l’attente.
Et les armes.