Court Termisme

Le court-termisme comme myopie analytique

Le ralentissement n’est pas un événement. C’est un régime.
La croissance mondiale fléchit, non parce qu’un mois est moins performant qu’un autre, mais parce qu’un cycle s’érode. Aux États-Unis, la dynamique passe de 2,8 % à 1,3 %, non à cause d’un chiffre isolé, mais sous l’effet d’une chaîne : resserrement monétaire, tensions géopolitiques, fragmentation commerciale, incertitude stratégique.

L’Europe ne fait pas mieux. Une croissance résiduelle, sous perfusion militaire et budgétaire. L’industrie allemande patine, les chaînes de valeur se disloquent, et la guerre commerciale n’est plus un épiphénomène sino-américain : elle reconfigure les termes mêmes du commerce mondial.

La réaction des banques centrales est prévisible : après l’arrogance des hausses de taux, l’apaisement. Mais un taux bas dans un monde structurellement ralenti ne crée pas de dynamique. Il rend juste le ralentissement plus confortable, plus silencieux, plus supportable.

Ce qui est grave n’est pas le ralentissement en soi. C’est l’obsession de l’instant. L’analyse en temps réel, le commentaire minute par minute, les anticipations fondées sur un trimestre de données biaisées. L’économie devient un flux d’impressions, pas une lecture de forces. Le marché devient un thermomètre, jamais une boussole.

L’investisseur privé se croit informé. En réalité, il est immergé dans le bruit.
Chaque pic, chaque creux, chaque courbe est traité comme un signal, alors que ce ne sont que des parasites. La myopie économique n’est pas une faiblesse cognitive, c’est un effet systémique.

Le long terme n’est pas une temporalité. C’est une position de retrait.
Et il faut être retiré pour comprendre ce qui vient.

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