Stunning Abu Dhabi cityscape at sunrise with calm ocean foreground and vibrant sky.

IHC-Blackrock : notes sur une translation géoéconomique

Le 6 mai 2025, IHC (International Holding Company), pilier structurant de l’économie d’Abu Dhabi, a annoncé le lancement d’une plateforme mondiale de réassurance, en partenariat stratégique avec BlackRock, géant américain de la gestion d’actifs. L’opération est hébergée au sein de l’Abu Dhabi Global Market (ADGM), juridiction financière à part entière, conçue pour attirer des flux à la fois massifs et stables.

L’information a été peu relayée dans les médias occidentaux. Elle ne s’y prête pas : technique, feutrée, sans image. Mais elle est pourtant significative. Elle indique un mouvement fondamental : le déplacement lent, mais sûr, du centre de gravité financier global.


Abu Dhabi, nouvelle scène d’inscription du capital

Il y a encore dix ans, les montages de cette envergure se seraient structurés à Londres, Zurich ou New York. Aujourd’hui, c’est Abu Dhabi. Pas par accident, mais par stratégie.
L’ADGM offre une triple configuration rare :

  1. Sécurité juridique claire, alignée sur la common law.
  2. Neutralité géopolitique, à l’abri des tensions atlantiques.
  3. Accélération administrative, hors des lenteurs bureaucratiques européennes.

C’est une scène sobre, stable, propice au long terme.
Un territoire de projection, plus qu’un simple guichet financier.


BlackRock, IHC : deux logiques complémentaires

Le partenariat avec BlackRock n’est pas décoratif. Il traduit un alignement d’intérêts de long terme entre une structure capitalistique souveraine (IHC) et un opérateur global multi-juridictionnel (BlackRock).
BlackRock apporte l’ingénierie, la profondeur de marché, l’expertise actuarielle.
IHC offre la stabilité politique, l’ancrage régional, la vitesse d’exécution.

Ce n’est pas une fusion. C’est un maillage.
Un prototype de souveraineté partagée : l’un détient le terrain, l’autre les outils.
C’est aussi une manière d’inscrire le Golfe dans une nouvelle grammaire économique : non plus simple détenteur de capital, mais producteur d’infrastructure financière mondiale.


Ce que la réassurance dit de l’époque

La réassurance est rarement évoquée dans les discours publics.
Elle agit en coulisse : structure des risques, organise les chocs, amortit les événements extrêmes.
Créer une plateforme de réassurance mondiale à Abu Dhabi, c’est donc implanter au cœur du Golfe une logique d’absorption systémique du risque global.

C’est aussi inscrire Abu Dhabi dans le schéma des métropoles d’équilibrage, au même titre que Singapour, Luxembourg ou Genève.
Mais avec une différence majeure : ici, la souveraineté n’est pas faible.
Elle est intégrée, assumée, structurante. L’État n’est pas un spectateur. Il est une matrice.
Et cela change tout.


Pas un déplacement. Une translation silencieuse.

Ce mouvement n’est pas une rupture.
L’Occident n’est pas quitté. Il est contourné.
Ce n’est pas une fuite. C’est une reconfiguration.
Le capital ne s’oppose pas aux anciennes places. Il les redessine.

Ce que symbolise l’installation de cette plateforme à l’ADGM, c’est la naissance d’un archipel financier multipolaire : fluide, connecté, sans capitale unique.


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