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Gaza : guerre ou génocide ?

Ce qui se joue à Gaza n’est pas seulement une guerre asymétrique. C’est une guerre lexicale. Le mot “génocide” y est brandi comme un verdict par tout le camp pro-palestinien et plus largement, par toute la gauche tel une arme, un miroir inversé. De Ségolène Royal à Raphaël Arnault, ils l’utilisent tous. Avant même l’analyse des faits, il pose un cadre, construit une mémoire parallèle. Il impose une lecture. Le droit international devient prétexte, le langage devient champ de bataille.


Définition, portée, précédent

Le terme “génocide” est formulé en 1944 par Raphael Lemkin. Il entre dans le droit international via la Convention de 1948. Il désigne « un acte commis avec l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel ». Les actes concernés incluent le meurtre de membres du groupe, les atteintes graves à leur intégrité physique ou mentale, la soumission à des conditions d’existence devant entraîner leur destruction, les mesures empêchant les naissances, ou les transferts forcés d’enfants.

Les génocides juridiquement reconnus sont rares : Shoah, Rwanda, Cambodge, Arménie, Srebrenica (dans une mesure limitée). Ils sont définis par un triptyque : destruction massive, ciblage d’un groupe en tant que tel, et surtout, intentionnalité explicite.


Gaza : violence extrême, mais génocide ?

Depuis les attaques meurtrières du 7 octobre par le Hamas, les frappes israéliennes ont causé un nombre élevé de morts civiles dans la bande de Gaza, d’où provenaient les assaillants. Les données fluctuent, mais une estimation prudente évoque environ 35 000 morts dans une population de 2,3 millions. Les destructions sont massives. Le système sanitaire est effondré. L’eau, l’électricité, la nourriture sont sous contrôle militaire. La densité territoriale aggrave chaque impact.

Mais ces faits suffisent-ils à caractériser un génocide ? Pas selon les critères stricts du droit international. Israël affirme viser les infrastructures du Hamas et n’a jamais déclaré vouloir éliminer tous les palestiniens. 1 à 2% de la population gazaouie a péri dans les attaques Israéliennes en presque deux ans, ce qui représente un chiffre très élevé, mais loin d’une élimination de masse délibérée. En comparaison, le génocide des Tutsis au Rwanda a éliminé 80 à 90% de l’ethnie selon les estimations (1 million de morts en 100 jours environ), quand la Shoah a décimé 63% des juifs d’Europe (6 millions sur 9,5 millions).

A Gaza, des alertes, des couloirs humanitaires, des livraisons d’aide sont également mises en avant. L’armée Israélienne publie régulièrement des vidéos pour attester du ciblage “chirurgical”. Difficile à vérifier, car en temps de guerre, le mensonge est roi, mais juridiquement décisif : L’intention de destruction d’un groupe en tant que tel reste, jusqu’à preuve contraire, absente. Et dans les faits, elle n’existe pas.

La brutalité ne suffit pas à requalifier un conflit en génocide. Sans quoi toutes les guerres pourraient Le désastre humanitaire non plus. La logique de guerre, même implacable, ne remplit pas en soi les conditions du génocide tel que défini en droit.


Le mot comme verdict anticipé

Pourquoi alors ce mot s’impose-t-il dans les discours ? Sur Internet, on ne voit plus que ça. Les partis de gauche ne parlent plus de conflit ou de massacres, et n’emploient que le terme « génocide ». Il ne s’agit pas d’une simple erreur de qualification. Il s’agit d’un geste politique. Employer “génocide” dans le contexte de Gaza permet une dislocation symbolique : celle qui consiste à renvoyer dos à dos l’État d’Israël et ses fondations historiques. Le sous-texte est transparent : ceux qui ont été victimes de la Shoah commettraient aujourd’hui un crime équivalent.

Ce geste rhétorique fonctionne comme une inversion accusatoire. Il ne vise pas uniquement Israël. Il vise le socle même de sa légitimité post-1945. Il convertit la mémoire de l’extermination juive en dette historique impayée. En prétendant que les victimes d’hier seraient les bourreaux d’aujourd’hui, le discours cherche à dissoudre la singularité de la Shoah dans une grille comparative floue. C’est une tentative d’annulation symbolique.


Antisémitisme par déséquivalence ?

L’antisémitisme contemporain ne se formule plus toujours par le rejet direct. Il s’installe dans des équivalences falsifiées. Affirmer qu’Israël commet un génocide à Gaza, sans critères juridiques robustes, ce n’est pas critiquer l’État. C’est injecter un soupçon global dans la mémoire juive. C’est insinuer que la Shoah n’est plus un événement sans équivalent, mais un épisode parmi d’autres, annulable, échangeable, récupérable.

Ce n’est pas de la justice. C’est une revanche symbolique. Ce n’est pas une dénonciation. C’est une dégradation du langage.

Le mot “génocide” mérite la plus grande précision. L’imprécision tue sa valeur. Sa répétition le vide. Son usage idéologique le pervertit. Ce n’est pas un terme à brandir. C’est un terme à prouver.


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