Communautarisme blanc masculin

Présidentielle 2027 : la cartographie communautaire de la scission

Les intentions de vote récemment publiées révèlent une fracture nette, géographique, sociale, sexuelle, communautaire. Chaque segment semble voter pour soi, contre les autres, dans un repli identitaire généralisé.

Un pays en blocs

L’enquête IFOP pour Hexagone confirme la fin d’un duel devenu rituel : Macron contre Le Pen. La scène a changé. Bardella surgit, en haut de l’affiche, sans même avoir été pressenti deux mois plus tôt. Le Pen inéligible, Macron usé, Philippe en successeur peu convaincant, déjà affaibli. Le RN prend la tête dans tous les scénarios. Non pas par adhésion massive, mais par coagulation. Une addition froide de déçus. Et l’analyse sociologique du vote ne fait que confirmer que la France n’est plus une nation, mais une juxtaposition de communautés aux intérêts divergents qui cohabitent, parfois dans la même rue, voire dans le même foyer.

La gauche communautaire

Mélenchon conserve un socle communautaire, concentré dans les territoires urbains à forte immigration postcoloniale. Plus de 50 % de l’électorat musulman lui accorde sa voix. Non pas pour son programme économique, mais pour sa posture de contre-pouvoir culturel. Il devient le canal d’un vote minoritaire d’affirmation. Ce vote franc et massif vient également féliciter prises de position pro-Palestine, un sujet devenu central dans l’électorat musulman, et par extension, pour les politiciens de gauche qui cherchent à capter ce réservoir de voix sans cesse grandissant. L’Archipel français selon Jérôme Fourquet n’est plus une hypothèse : c’est la réalité, tangible, chiffrée. Les Français ne votent plus selon des lignes idéologiques ou des intérêts économiques mais selon leur ethnie, leur origine ou leur genre.

Dis-moi qui tu es, je te dirai qui tu votes

Les femmes votent plus à gauche que les hommes. Phénomène constant, accentué. Chez les femmes de moins de 35 ans, l’écart est massif : Glucksmann, Mélenchon, Rousseau sont les champions. Un électorat jeune, diplômé, urbain, engagé dans les enjeux de genre et de représentation. Les hommes votent plus à droite, plus souvent pour Bardella, parfois pour Zemmour. Réaction autoritaire contre progressisme jusqu’au boutiste. Le vote devient projection identitaire. Masculinité sécuritaire contre féminité sociale. Une sociologie tranchante, des blocs étanches. Les hommes et les femmes ne partagent plus d’avenir commun.

L’illusion du centre

Édouard Philippe quant à lui peine à incarner un centre qui n’existe plus. Son électorat est résiduel, urbain, CSP+, sans relief. Mince, et volatile. Une classe gestionnaire qui vote comme elle parle : en équation. Mais la politique ne suit plus les équations. Elle suit les trajectoires de vie. Le centre ne rassemble pas, il dilue. Macron aura réussi l’exploit de maintenir le cap au milieu grâce à une concurrente médiocre et une technique du barrage éprouvée. En 2027, cela ne sera pas suffisant pour le maire du Havre. Si Le Pen est la candidate de l’homme prolétaire blanc, Mélenchon de la femme musulmane, Retailleau du chef d’entreprise provincial de plus de 50 ans, Glucksmann de la professeure de français de banlieue de 35 ans… De qui Edouard Philippe est-il le candidat ?

La présidentielle s’annonce comme une radiographie. Chaque vote devient un marqueur. D’âge, de sexe, de lieu, d’origine. L’universel est mort.

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