Lundi 12 mai. Wall Street remonte. Le S&P 500 tutoie les sommets. Le Dow Jones grimpe également. Le Nasdaq sourit. +3%, +4%… Les marchés sont heureux.
En Europe, Paris, Francfort et Milan bondissent.
Partout, la même impulsion : la rumeur de négociations sino-américaines avancées, un accord commercial en perspective, et derrière lui, la réintégration soudaine du monde dans sa propre logique de croissance.
Il y a un mois : panique
Début avril 2025 : les mêmes marchés reculaient. Les mêmes observateurs parlaient de « bear market structurel », d’ »aterrissage dur », de « fin de cycle ».
On conseillait l’or. On évoquait la guerre. On décrivait Trump comme un saboteur financier mondial.
Chaque tweet devenait une injonction à vendre.
Les forums spécialisés, les chaînes YouTube, les comptes Twitter à cinq chiffres, tous alignés sur la même ligne : « fuyez », « dérisquez », « coupez vos positions ».
Et aujourd’hui, ces mêmes marchés effacent les pertes. Sans rupture. Sans déclic. Juste la confirmation que rien ne s’effondre aussi vite qu’on le fantasme.
L’économie n’est pas un tweet
Ce que ces fluctuations disent, ce n’est pas la santé d’un système. C’est l’état mental d’un public sans horizon.
Un public qui commente l’économie comme un match. Qui croit qu’un indice se lit comme une humeur. Qui pense que les grands dirigeants veulent « faire sauter le système » — alors qu’ils en sont actionnaires.
Trump n’a aucun intérêt à détruire une économie dans laquelle il investit. Xi Jinping non plus. Le désordre est une mise en scène. Le fond, c’est la continuité.
Les vendeurs de peur ont un business model
Ce climat de panique n’est pas innocent.
La peur est un produit. Elle se vend.
Elle fait cliquer, elle fait trader, elle fait tourner les plateformes.
Chaque trade est un spread. Chaque aller-retour, une commission.
Les brokers n’aiment pas les investisseurs. Ils aiment les traders agités.
Ceux qui paniquent, qui sortent, qui reviennent, qui testent.
Plus vous gardez, moins ils gagnent.
Et pour entretenir cette instabilité, ils ont leurs relais :
- pseudo-gourous de la finance personnelle,
- influenceurs anxiogènes,
- newsletters catastrophistes.
Tous alignés sur le même impératif : vous faire croire que vous devez agir.
Le long terme est l’ennemi de la panique
L’histoire est connue. Elle ne change pas.
Les marchés montent. Puis baissent. Puis remontent plus haut.
Le S&P 500 en 1980 : 120 points. Aujourd’hui : 5200+.
Entre les deux : guerres, crises, attentats, krachs, covid, Trump.
Et pourtant, la tendance est intacte.
Ceux qui gagnent sont ceux qui tiennent.
Ceux qui observent. Qui lisent les fondamentaux. Qui refusent la panique.
Pas ceux qui regardent les graphiques en bougie à 15 minutes.
La vraie stratégie n’est pas de prédire la prochaine crise.
C’est de ne pas se faire manipuler par ceux qui vivent de votre précipitation.