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Gaza et Congo, l’asymétrie du silence

Gaza capte l’attention. Le Nord-Kivu s’enfonce dans l’ombre.
Depuis des mois, les foules scandent « génocide à Gaza ». Pendant ce temps, l’est du Congo s’effondre dans un massacre de deux décennies, six millions de morts, cent fois plus que la Palestine. Le bruit d’un côté, le vide de l’autre. Pourquoi ?

Non-compétition des douleurs

La souffrance ne se hiérarchise pas. Mais l’écart de visibilité est une donnée politique. Pourquoi Gaza mobilise, quand le Kivu demeure une zone morte médiatiquement ? Le silence, ici, devient stratégie.

Kagame, opérateur central

Dans le chaos congolais, le Rwanda apparaît comme axe constant. Le M23, bras armé financé et structuré par Kigali, comme le confirme l’ONU, ravage le Nord-Kivu. Kagame nie, mais tout converge vers lui. Un dirigeant verrouillé au pouvoir, dont la stabilité intérieure repose sur l’exportation de violence. Son surnom circule : le « Netanyahu rwandais ». Deux figures construites sur la légitimité de la sécurité, deux logiques d’expansion par la contrainte.

Connexion israélienne

Les liens entre Kigali et Tel-Aviv ne sont plus secrets : accords agricoles, sécuritaires, diplomatiques. Mais au-delà du formel, un modèle idéologique s’exporte. Israël a transformé une mémoire tragique en levier stratégique, Kagame veut reproduire la formule. Inspiration rhétorique, peut-être transferts technologiques et diplomatiques. Deux petits États, deux récits victimaires, deux justifications d’actions militaires extérieures. Le parallèle alimente les soupçons.

Cris congolais isolés

Sur les réseaux, une réponse apparaît : « Le Rwanda commet un génocide au Congo. » Répétition, viralité, tentative désespérée de compenser l’absence de caisse de résonance. Les Congolais forcent le bruit pour exister dans l’espace saturé par Gaza.

Désertion internationale

Six millions de morts. Déplacés par centaines de milliers. Des rapports de l’ONU accablants. Pourtant aucune sanction massive, aucune justice internationale à l’œuvre. Le Congo n’active ni alliances électorales, ni lobby puissant, ni narration universalisable. Les chancelleries laissent la plaie ouverte.

Calcul électoral

La Palestine, cause-miroir des diasporas musulmanes en Europe, produit un gain symbolique et électoral immédiat. Le Congo ne structure aucun électorat, ne fédère aucun récit identitaire fort. Ni les africains, ni les chrétiens ne semblent s’approprier le combat. La solidarité est faible. L’absence de mobilisation n’est pas un accident, mais une logique de rendement politique.

Le bruit sature Gaza, le silence enterre Congo. Les deux tragédies coexistent, mais une seule occupe l’espace.

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