L’Europe, l’obsession et le dogme
Partout dans le monde, la clim apparait comme une nécessité face à la canicule. En Afrique, au Moyen‑Orient, en Asie ou dans les Amériques, on accepte qu’un ventilateur ne suffit pas lorsque la température dépasse 40 °C. En Europe, c’est presque un délit moral : la clim devient le bouc émissaire d’un discours écologiste moralisateur, distancié de toute réalité sanitaire et technique.
Mortes silencieuses : la chaleur tue plus qu’on ne veut le reconnaître
Les chiffres sont sans appel : l’été 2003 a tué 72 000 personnes en Europe, dont 15 000 en France. En 2022, lors de la canicule la plus intense jamais enregistrée, le continent a dénombré 61 672 morts excessives entre le 30 mai et le 4 septembre. Rien qu’en 2023, près de 48 000 décès sont imputables à la chaleur. Ces chiffres sont loin des effets conjoncturels : chaque année, la mortalité liée à la chaleur augmente, et l’Organisation mondiale de la santé pointe un déséquilibre croissant entre les siècles à venir.
Efficacité médicale de la clim : un consensus scientifique
L’air conditionné est reconnu comme un dispositif salvateur. Une étude publiée par Our World in Data estime qu’aux États‑Unis, la mortalité liée aux jours très chauds a diminué de 75 % après l’adoption massive de la clim vers 1960. Plusieurs recherches en Europe démontrent que la clim réduit clairement les décès durant les vagues de chaleur. Et dans un rapport de santé publique, l’équipement en climatisation devient une composante incontournable pour sauver des vies. Surtout chez les plus fragiles.
Urbanisme, climatisation et effet d’îlot thermique : réalité nuancée
Le principal argument employé contre la clim est son rôle supposé dans l’amplification de l’îlot de chaleur urbain. Oui, les unités extérieures dégagent de la chaleur, et certaines études, surtout axées sur Paris ou Berlin, notent des élévations de température ponctuelles, particulièrement la nuit, courtes et localisées. Mais ces modèles concernent des zones à densité extrême, avec clim centrale industrielle, pas la majorité résidentielle européenne. Les conclusions nuancées montrent que l’impact réel est limité. Aucune corrélation claire n’a été établie entre usage individuel de la clim et augmentation sensible des températures urbaines.
Dissonance idéologique : clim vilipendée, rénovation glorifiée
L’Europe dépense des centaines de millions dans la rénovation énergétique, en brandissant la clim comme l’ennemi du climat. Pourtant, en France, la production d’électricité est largement décarbonée grâce au nucléaire. Une clim bien réglée a un impact carbone marginal ; la refuser revient à sacrifier des vies pour éviter une fiction écologique. Paradoxalement, cette animosité contre la clim repose sur un dogme, non sur la science.
Injustice sociale et politique du refus de la clim
Le refus de la clim entérine une fracture sociale. En Espagne, les quartiers pauvres, sans ventilation adaptée ni climatisation, enregistrent un surcroît de morts durant les vagues de chaleur. En France, le développement de logements « passifs » enferme les plus vulnérables dans des étuves urbaines. En Italie, les personnes âgées seules ont largement payé le prix fort, sans accès à la clim. Refuser l’équipement revient à priver les plus fragiles de la possibilité de se protéger.
Ce que l’on accepte ailleurs : hypocrisie européenne
En Arabie saoudite, tout centre commercial ou hospitalier est climatisé. La climatisation est aux pays arabes en été ce que le chauffage est en hiver au Canada ou en Norvège : une évidence que personne ne saurait remettre en cause tant elle semble incontestable. En Inde, les villes adoptent aussi désormais massivement cette solution, non par luxe mais par nécessité. L’Europe fait exception : un malthusianisme climatiste impose aux citoyens un renoncement injustifié, aura dogmatique sur l’urgence humaine.
Loin des slogans, l’urgence demeure
Tandis que le climat est idéologisé, la science martèle : plus de 2,3 millions de décès en Europe pourraient être évités d’ici 2100 si des mesures de protection adaptées — climatisation collective, espaces frais, centres de refuge — étaient pensées sériseusement. La clim ne sera pas le problème, mais une solution, un bouclier individuel et public à intégrer dans la gestion des canicules.
L’anti‑clim européen se nourrit d’un romantisme vert qui refuse de faire face à l’impératif humain de se protéger de la chaleur. Il faudra bien un jour choisir : prolonger une posture dogmatique, ou accepter que la clim — dans un mix énergétique décarboné — soit une arme vitale, en particulier pour les plus vulnérables.