L’attaque israélienne du 13 juin 2025 sur les infrastructures iraniennes n’est pas un tournant. C’est une confirmation. La guerre, désormais, ne s’annonce plus. Elle déborde. Elle déborde des lignes de partage classiques, des régulations internationales, des attentes diplomatiques. Elle court-circuite.
Inflation stratégique
Chaque missile lancé sur Natanz, chaque dépôt frappé à Arak ou Bushehr, envoie un signal clair : l’énergie est redevenue une arme. Non plus seulement un levier diplomatique ou économique, mais un dispositif de ciblage. Le pétrole ne vaut pas cher parce qu’il est rare. Il vaut cher parce qu’il est fragile. Le baril s’est hissé en un week-end de 78 à 101 dollars, et personne n’ose fixer la prochaine résistance. Ni les banques centrales, ni les cabinets de renseignement.
Effet domino sans foyer
Le conflit ne reste pas régional. Il ne l’a jamais été. L’implication des Houthis, les tensions à Bakou, la posture chinoise prudente mais calculée, la volatilité des marchés américains ou suisses : tout réagit à l’unisson. Le monde entier devient foyer secondaire.
La mondialisation avait promis l’interdépendance comme filet de sécurité. Elle offre, aujourd’hui, un fil de détonation. L’économie mondiale fonctionne en série : logistique, finance, alimentation, énergie. Une rupture ici, une faille partout.
Banques centrales sans recours
Hausse des taux ? Risque de récession. Maintien ? Inflation galopante. Le piège monétaire est intégral. L’option de la pause n’existe plus. Chaque décision devient politique. Chaque hésitation devient suspecte. La Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre, la BCE : toutes ont perdu leur neutralité. Le marché le sait. Et il anticipe. Le franc suisse monte. L’or se replie dans ses fonctions primitives. Le cash fuit les valeurs de croissance. Tout redevient défensif.
Le réel revient par la guerre
La fiction d’un monde pilotable s’éteint. Les chaînes d’approvisionnement n’ont pas été réparées depuis 2020. Elles ont été contournées. Reconfigurées à bas bruit. La guerre ne détruit pas seulement. Elle révèle. Le détroit d’Hormuz, point de passage d’un tiers des flux pétroliers, n’est plus une variable : c’est un enjeu immédiat.
Le marché alimentaire n’a plus de souveraineté. L’Ukraine, l’Inde, la Mer Rouge : la guerre y passe déjà. L’Iran y ajoute la pression maximale. L’insécurité devient le régime d’équilibre.